États Généraux de la Bioéthique 2026

Le mot du Président


Professeur Jean-François Delfraissy

La science et les techniques médicales progressent à un rythme toujours plus soutenu. Les nouveaux systèmes d’intelligence artificielle, notamment générative, transforment en profondeur notre manière de produire du savoir, de soigner, et de nous représenter le monde. C’est aussi le cas en matière de génomique, de neurosciences, de cellules souches et d’organoïdes…

Parallèlement, les effets du changement climatique sur notre environnement comme sur la santé humaine ne peuvent plus être ignorés. 

La société française elle-même évolue, portée par de nouvelles attentes citoyennes, une sensibilité accrue aux enjeux environnementaux, une demande de transparence et de participation démocratique.

Dans ce contexte, la santé doit être considérée dans un cadre plus global, incluant non seulement les dimensions médicales, mais aussi les déterminants sociaux, environnementaux et économiques. On sait désormais que la médecine curative ne contribue qu’à environ 20 % à l’état de bonne santé d’une population. La prévention, encore insuffisamment développée en raison d’un manque de moyens accordés, de coordination et de lisibilité pour le public, représente un levier essentiel.

Le rapport des citoyens à la science évolue également. La confiance dans la science comme moteur de progrès est parfois fragilisée, tandis que les innovations biomédicales se multiplient à une vitesse qui interroge nos cadres éthiques, sociaux et juridiques. La question de l’autonomie des individus se pose avec une acuité nouvelle, tout comme celle de la solidarité, notamment dans un contexte géopolitique national et international bouleversé.

Dans ce paysage en transformation, le champ de la bioéthique doit également évoluer. Il reste fondé sur des valeurs stables (respect de l’autonomie de la personne, bienfaisance, non-malfaisance, justice) mais son périmètre s’élargit progressivement pour intégrer ces nouvelles réalités scientifiques, techniques, sociales et environnementales.

En parallèle des thématiques classiques des lois de bioéthique (Examens génétiques et médecine génomique ; Neurosciences ; Cellules souches et organoïdes ; Transplantations d’organes et xénogreffes ; Numérique, IA et santé ; Santé, environnement et climat), les États généraux de 2026 ouvrent trois nouvelles pistes de réflexion :

  • La sobriété en médecine ;
  • La prévention en santé ;
  • La santé en outre-mer. 

Le « modèle français » est basé sur un triptyque solide, reposant sur le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE), les lois de bioéthique, et les États généraux de la bioéthique qui sont organisés par le CCNE avec l’appui des espaces de réflexion éthique régionaux (ERER). 

Le CCNE, en application de la loi de bioéthique de 2021, va organiser les États généraux de la bioéthique en 2026. Ceux-ci ne seront pas des États généraux de la santé, car leur vocation n’est pas de traiter l’ensemble des politiques de santé publique, mais de se concentrer sur les enjeux éthiques qui émergent des transformations sociétales, scientifiques et techniques. Il importe de bien distinguer :

  • les États généraux de la bioéthique et leur synthèse (juin 2026)
  • l’avis du CCNE (automne 2026)
  • la future loi de bioéthique (probablement au-delà de l’élection présidentielle).

Les états généraux de la bioéthique devront permettre en 2026 une délibération large, pluraliste et éclairée, à la hauteur des questions posées par notre époque.